mardi 28 avril 2009

...le plus vil de tous...

quand je vais vers les gens, il me semble que je suis le plus vil de tous, et que tout le monde me prend pour un bouffon; alors je me dis: "faisons le bouffon, je ne crains pas votre opinion, car vous êtes tous, jusqu'au dernier, plus vil que moi!"


Fiodor Dostoïevski, Les frères Karamazov

lundi 27 avril 2009

lundi 20 avril 2009

...faut-il qu'il m'en souvienne...


Le Pont Mirabeau

sous le pont Mirabeau coule la Seine
et nos amours
faut-il qu'il m'en souvienne
la joie venait toujours après la peine

vienne la nuit sonne l'heure
les jours s'en vont je demeure

les mains dans les mains restons face à face
tandis que sous
le pont de nos bras passe
des éternels regards l'onde si lasse

vienne la nuit sonne l'heure
les jours s'en vont je demeure

l'amour s'en va comme cette eau courante
l'amour s'en va
comme la vie est lente
et comme l'espérance est violente

vienne la nuit sonne l'heure
les jours s'en vont je demeure

passent les jours et passent les semaines
ni temps passé
ni les amours reviennent
sous le pont Mirabeau coule la Seine

vienne la nuit sonne l'heure
les jours s'en vont je demeure


Alcools, Guillaume Apollinaire

dimanche 19 avril 2009

...une petite chaise en or...

Si le Christ était mort sur une chaise électrique, tous les petits chrétiens porteraient une petite chaise en or autour du cou

Serge Gainsbourg

jeudi 16 avril 2009

...tes yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie...

Les yeux d'Elsa

tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
j'ai vu tous les soleils s'y mirer
s'y jeter à mourir tous les désespérés
tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire

à l'ombre des oiseaux c'est l'océan troublé
puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent 
l'été taille la nue au tablier des anges
le ciel n'est jamais bleu comme il l'est sur les blés

les vents chassent en vain les chagrins de l'azur
tes yeux plus clairs que lui lorsqu'une larme y luit
tes yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie
le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure

mère des Sept douleurs ô lumière mouillée
sept glaives ont percé le prisme des couleurs
le jour est plus poignant qui point entre les pleurs
l'iris troué de noir plus bleu d'être endeuillé

tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche
par où se reproduit le miracle des Rois
lorsque le coeur battant ils virent tous les trois
le manteau de Marie accroché à la crèche

une bouche suffit au moi de Mai des mots
pour toutes les chansons et pour tous les hélas
trop peu d'un firmament pour des millions d'astres
il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux

l'enfant accaparé par les belles images
écarquille les siens moins démesurément
quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens
on dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages

cachent-ils des éclairs dans cette lavande où
des insectes défont leurs amours violentes
je suis pris au filet des étoiles filantes
comme un marin meurt en mer en plein mois d'août

j'ai retiré ce radium de la pechblende
et j'ai brûlé mes doigts à ce feu défendu
O paradis cent fois retrouvé reperdu
tes yeux sont mon Pérou ma Golconde mes Indes

il advint qu'un beau soir l'univers se brisa
sur des récifs que les naufrages enflammèrent
moi je voyais briller au-dessus de la mer
les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa

Les Yeux d'Elsa, Louis Aragon


mardi 14 avril 2009

...les cons des autres...

j'ai divisé la société en deux catégories: mes amis ou mes cons à moi et les cons des autres que je ne supporte pas. 

Michel Audiard

dimanche 5 avril 2009

...le relativisme moral et intellectuel...

nous vivons une époque où l'humanité, grâce aux sciences, a résolu la plupart des problèmes. Rien dans le présent ne permet de prévoir le futur. Ce qui est scientifique, c'est ce dont la fausseté peut être démontrée. Le relativisme moral et intellectuel est la plus grave menace sur notre société

Karl Popper

vendredi 3 avril 2009

...I shall go mad...

I have the feeling that I shall go mad and cannot go on any longer in these terrible times. I hear voices and cannot concentrate on my work. I have fought against it, but cannot fight any longer. I owe all my happiness in life to you. You have been so perfectly good. I cannot go on and spoil your life. 


Virginia Wolf, March 1941.


mercredi 1 avril 2009

...all I really want to do...

I ain't lookin' to compete with you
beat or cheat or mistreat with you
simplify you, classify you.
all I really want to do 
is, baby, be friends with you

No, and I ain't lookin' to fight with you
Frighten you or uptighten you
drag you down or drain you down
chain you down or bring you down
all I really want to do 
is, baby, be friends with you

I ain't lookin to block you up
shock or knock or lock you up
analyse you, categorize you
finalize you or advertise you
all I really want to do
is, baby, be friends with you

I don't want to meet your kin
make you spin or do you in
or select you or dissect you
or inspect you or reject you
all I really want to do
is, baby, be friends with you

I don't want to fake you out
take or shake or foresake you out
I ain't lookin for you to feel like me
see like me or be like me
all I really want to do 
is, baby, be friends with you

Bob Dylan, Another side of Bob Dylan, 1964