samedi 20 juin 2009

http://apreslebruit.wordpress.com/

après le bruit s'en va ...



et reviens....


http://apreslebruit.wordpress.com/



(en échange des commentaires de son quasi-unique commentateur d'un à peine trio de lecteurs que la recopieuse (ou sélectrice) n'a pas eu les compétences de garder, wordpress "vous" accueille avec un nouveau support de partage (si c'est pas magnifique!), venez-voir !

vendredi 19 juin 2009

...ma théorie de la relativité...

si ma théorie de la relativité est prouvée, l'Allemagne me revendiquera comme Allemand et la France déclarera que je suis citoyen du monde. Mais si ma théorie est fausse, la France dira que je suis allemand et l'Allemagne déclarera que je suis juif. 

Einstein

mardi 16 juin 2009

...le coeur à tout et la tête à rien...

En remontant cet immense bréviaire de roc entre les buissons d'épines, je maudissais mon ignorance: je ne sais lire ni les idéogrammes chinois ni l'alphabet coréen. Il faudrait plusieurs vies faustiennes et laborieuses pour le déchiffrement des écritures et j'ai déjà passé la moitié de la mienne, dans une sorte d'effarement distrait, le coeur à tout et la tête à rien

Nicolas Bouvier, Les Chemins du Halla San

lundi 15 juin 2009

dimanche 7 juin 2009

...je préfère encore la vie...

moi l'héroïne, je crache dessus. Les mômes qui se piquent deviennent tous habitués au bonheur et ça ne pardonne pas, vu que le bonheur est connu pour ses états de manque. Pour se piquer, il faut vraiment chercher à être heureux et il n'y a que les rois des cons qui ont des idées pareilles. (...) Mais je tiens pas tellement à être heureux, je préfère encore la vie. Le bonheur c'est une belle ordure et une peau de vache et il faudrait lui apprendre à vivre. On est pas du même bord, lui et moi, et j'ai rien à en foutre. (...) Le bonheur, je vais pas me lancer là-dedans avant d'avoir tout essayé pour m'en sortir. 

Romain Gary, La vie devant soi

mardi 26 mai 2009

...commander aux hommes...

après le bonheur de commander aux hommes, le plus grand bonheur n'est-il pas de les juger?

Beaumarchais, Lettre modérée sur la chute et la critique du Barbier de Séville

dimanche 24 mai 2009

....l'imagination...

la raison, c'est l'intelligence en exercice;
l'imagination, c'est l'intelligence en érection

Faits et Croyances, Victor Hugo

lundi 18 mai 2009

...la terre qui est quelquefois si jolie...

Notre père qui êtes aux cieux
Restez-y
Et nous nous resterons sur la terre 
Qui est quelquefois si jolie

Paroles, Jacques Prévert

dimanche 17 mai 2009

samedi 16 mai 2009

...pas d'oubli qu'on ne puisse combler...

Comme il n'est pas de trahison qu'on ne pardonne, il n'est pas de faute dont on ne puisse se faire absoudre, pas d'oubli qu'on ne puisse combler (...). Plus un esprit est délicat, plus il découvre de beautés originales, plus une âme est tendre et ouverte à la divine espérance; plus elle trouve dans autrui, quelque souillé qu'il soit, de motifs d'amour.

La Fanfarlo, Charles Baudelaire

jeudi 14 mai 2009

...ceux qui ont trop bonne conscience...

à tout prix, il faut empêcher ceux qui ont trop bonne conscience de vivre et de mourir en paix

Cioran

lundi 11 mai 2009

...que veulent-elles au juste?...

après trente ans passés à étudier la psychologie féminine, je n'ai toujours pas trouvé de réponses à la grande question: Que veulent-elles au juste? 

Sigmund Freud

dimanche 3 mai 2009

...tenir son âme dans une région haute...

le principal est de tenir son âme dans une région haute, loin des fanges bourgeoises et démocratiques. Le culte de l'art donne de l'orgueil; on en a jamais trop. Telle est ma morale

Flaubert, Correspondance, IV

mardi 28 avril 2009

...le plus vil de tous...

quand je vais vers les gens, il me semble que je suis le plus vil de tous, et que tout le monde me prend pour un bouffon; alors je me dis: "faisons le bouffon, je ne crains pas votre opinion, car vous êtes tous, jusqu'au dernier, plus vil que moi!"


Fiodor Dostoïevski, Les frères Karamazov

lundi 27 avril 2009

lundi 20 avril 2009

...faut-il qu'il m'en souvienne...


Le Pont Mirabeau

sous le pont Mirabeau coule la Seine
et nos amours
faut-il qu'il m'en souvienne
la joie venait toujours après la peine

vienne la nuit sonne l'heure
les jours s'en vont je demeure

les mains dans les mains restons face à face
tandis que sous
le pont de nos bras passe
des éternels regards l'onde si lasse

vienne la nuit sonne l'heure
les jours s'en vont je demeure

l'amour s'en va comme cette eau courante
l'amour s'en va
comme la vie est lente
et comme l'espérance est violente

vienne la nuit sonne l'heure
les jours s'en vont je demeure

passent les jours et passent les semaines
ni temps passé
ni les amours reviennent
sous le pont Mirabeau coule la Seine

vienne la nuit sonne l'heure
les jours s'en vont je demeure


Alcools, Guillaume Apollinaire

dimanche 19 avril 2009

...une petite chaise en or...

Si le Christ était mort sur une chaise électrique, tous les petits chrétiens porteraient une petite chaise en or autour du cou

Serge Gainsbourg

jeudi 16 avril 2009

...tes yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie...

Les yeux d'Elsa

tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
j'ai vu tous les soleils s'y mirer
s'y jeter à mourir tous les désespérés
tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire

à l'ombre des oiseaux c'est l'océan troublé
puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent 
l'été taille la nue au tablier des anges
le ciel n'est jamais bleu comme il l'est sur les blés

les vents chassent en vain les chagrins de l'azur
tes yeux plus clairs que lui lorsqu'une larme y luit
tes yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie
le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure

mère des Sept douleurs ô lumière mouillée
sept glaives ont percé le prisme des couleurs
le jour est plus poignant qui point entre les pleurs
l'iris troué de noir plus bleu d'être endeuillé

tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche
par où se reproduit le miracle des Rois
lorsque le coeur battant ils virent tous les trois
le manteau de Marie accroché à la crèche

une bouche suffit au moi de Mai des mots
pour toutes les chansons et pour tous les hélas
trop peu d'un firmament pour des millions d'astres
il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux

l'enfant accaparé par les belles images
écarquille les siens moins démesurément
quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens
on dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages

cachent-ils des éclairs dans cette lavande où
des insectes défont leurs amours violentes
je suis pris au filet des étoiles filantes
comme un marin meurt en mer en plein mois d'août

j'ai retiré ce radium de la pechblende
et j'ai brûlé mes doigts à ce feu défendu
O paradis cent fois retrouvé reperdu
tes yeux sont mon Pérou ma Golconde mes Indes

il advint qu'un beau soir l'univers se brisa
sur des récifs que les naufrages enflammèrent
moi je voyais briller au-dessus de la mer
les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa

Les Yeux d'Elsa, Louis Aragon


mardi 14 avril 2009

...les cons des autres...

j'ai divisé la société en deux catégories: mes amis ou mes cons à moi et les cons des autres que je ne supporte pas. 

Michel Audiard

dimanche 5 avril 2009

...le relativisme moral et intellectuel...

nous vivons une époque où l'humanité, grâce aux sciences, a résolu la plupart des problèmes. Rien dans le présent ne permet de prévoir le futur. Ce qui est scientifique, c'est ce dont la fausseté peut être démontrée. Le relativisme moral et intellectuel est la plus grave menace sur notre société

Karl Popper

vendredi 3 avril 2009

...I shall go mad...

I have the feeling that I shall go mad and cannot go on any longer in these terrible times. I hear voices and cannot concentrate on my work. I have fought against it, but cannot fight any longer. I owe all my happiness in life to you. You have been so perfectly good. I cannot go on and spoil your life. 


Virginia Wolf, March 1941.


mercredi 1 avril 2009

...all I really want to do...

I ain't lookin' to compete with you
beat or cheat or mistreat with you
simplify you, classify you.
all I really want to do 
is, baby, be friends with you

No, and I ain't lookin' to fight with you
Frighten you or uptighten you
drag you down or drain you down
chain you down or bring you down
all I really want to do 
is, baby, be friends with you

I ain't lookin to block you up
shock or knock or lock you up
analyse you, categorize you
finalize you or advertise you
all I really want to do
is, baby, be friends with you

I don't want to meet your kin
make you spin or do you in
or select you or dissect you
or inspect you or reject you
all I really want to do
is, baby, be friends with you

I don't want to fake you out
take or shake or foresake you out
I ain't lookin for you to feel like me
see like me or be like me
all I really want to do 
is, baby, be friends with you

Bob Dylan, Another side of Bob Dylan, 1964

mardi 31 mars 2009

lundi 30 mars 2009

...les trois quarts du corps dans la tombe...

quand j'aurai les trois quarts du corps dans la tombe, je dirai ce que je pense des femmes, puis je rabattrai vivement sur moi la dalle du caveau

Tolstoï

jeudi 26 mars 2009

...une liberté qui n'est pas la mienne...

Ainsi, être vu me constitue comme un être sans défense, pour une liberté qui n'est pas ma liberté. C'est en ce sens que nous pouvons nous considérer comme des "esclaves" en tant que nous apparaissons à autrui. Je suis esclave dans la mesure où je suis dépendant dans mon être au sein d'une liberté qui n'est pas la mienne et qui est la condition même de mon être. 
En tant que je suis objet de valeurs qui viennent me qualifier sans que je puisse agir sur cette qualification, ni même la connaître, je suis en esclavage...
Du même coup, en tant que je suis l'instrument de possibilités qui ne sont pas mes possibilités, dont je ne fais qu'entrevoir la pure présence par delà mon être, et qui nient ma transcendance pour me constituer un moyen vers des fins que j'ignore, je suis en danger. Et ce danger n'est pas un accident mais la structure permanente de mon être pour autrui.

Huis-clos, Jean-Paul Sartre

jeudi 19 mars 2009

...un sain pour soi-même...

avant tout, être un grand homme et un sain pour soi-même

Baudelaire, Oeuvres posthumes, Mon coeur mis à nu

mercredi 18 mars 2009

...il suffit d'une ou deux secondes...

je tombe, je tombe, je tombe 
avant d'arriver à ma tombe
je repasse toute ma vie
il suffit d'une ou deux secondes
que dans ma tête tout un monde
défile tel que je le vis
ses images sous mes paupières
font comme au fond d'un puits, les pierres
dilatant l'iris noire de l'eau
c'est tout le passé qui s'émiette
un souvenir sur l'autre empiète
et les soleils sous les sanglots
O pluie, O poussière impalpable
existence couleur de sable
brouillards de respirations
quel choix préside à mon vertige
je tombe et fuis dans ce prodige
ma propre accélération 

Aragon, Le roman inachevé

mardi 17 mars 2009

...ambitieux par vanité...

ambitieux par vanité, laborieux par nécessité, mais paresseux...avec délices ! 

Beaumarchais, Le mariage de Figaro

lundi 16 mars 2009

...ils ont fait sauter tous les verrous...

qu'allait-il se passer à présent? Pendant un instant, ce fut le vide. Le silence, le cercueil, la foule ivre d'émotion. Puis Lisa s'est levée, a monté les quelques marches et, depuis le lutrin, a annoncé: "Le dernier mouvement de la Troisième Symphonie de Malher." C'est tout. Ils ont fait sauter tous les verrous. Ils ont passé du Malher. 
Or il y a des fois où l'on ne peut pas écouter du Malher. Quand il vous soulève, quand il vous secoue, il va jusqu'au bout. À la fin du mouvement, tout le monde pleurait. 
Pour ma part, en tout cas, je crois que rien d 'autre au monde n'aurait pu me déchirer autant, sauf d'entendre Steena Palsson dans sa version de The Man I Love, tel qu'elle l'avait interprété au pied du lit de Coleman, dans Sullivan Street, en 1948.

Philip Roth, La tâche

samedi 14 mars 2009

...Jupiter...

il est plus facile d'imiter Jupiter que Lao-tseu

Cioran, Aveux et Anathèmes

lundi 9 mars 2009

...je voudrais pas crever...

je voudrais pas crever 
avant d'avoir connu
les chiens noirs du Mexique
qui dorment sans rêver
les singes à cul nu
dévoreurs de tropiques
les araignées d'argent
au nid truffé de bulles
je voudrais pas crever
sans savoir si la lune
sous ses faux airs de thune
à un coté pointu
si le soleil est froid
si les quatre saisons
ne sont vraiment que quatre
sans avoir essayé de porter une robe
sur les grands boulevards
sans avoir regardé
dans un regard d'égout
sans avoir mis mon zobe
dans des coinstrots bizarres
je voudrais pas finir 
sans connaître la lèpre
ou les septs maladies
qu'on attrape là bas
le bon ni le mauvais
ne me feraient de peine
si si si je savais
que j'en aurai l'étrenne
il y a un z aussi
tout ce que je connais 
tout ce que j'apprécie
que je sais qui me plaît
le fond vert de la mer
où valsent les brins d'algues
sur le sable ondulé
l'herbe brulée de juin
la terre qui craquelle
l'odeur des connifères
et les baisers de celle
que ceci que cela
mon ourson, mon Ursulla
je voudrais pas crever
avant d'avoir usé
sa bouche avec ma bouche
son corps avec mes mains
le reste avec mes yeux
j'en dis pas plus faut bien
rester révérencieux
je voudrais pas mourir
sans qu'on ait inventé
les roses éternelles
la journée de deux heures
la mer à la montagne
la montagne à la mer
les journaux en couleurs
tous les enfants contents
et tant de trucs encore
qui dorment dans les crânes
des géniaux ingénieurs
des jardiniers joviaux
des soucieux socialistes
des urbains urbanistes
et des pensifs penseurs
tant de choses à voir 
à voir et à z-entendre
tant de choses à attendre
à chercher dans le noir
et moi je vois la fin
qui grouille et qui s'amène
avec sa gueule moche
et qui m'ouvre ses bras 
de grenouille bancroche
je voudrais pas crever
non monsieur, non madame
avant d'avoir tâté
le goût qui me tourmente
le goût qu'est le plus fort
je voudrais pas crever
avant d'avoir goûté
la saveur de la mort

Boris Vian, je voudrais pas crever

vendredi 6 mars 2009

jeudi 5 mars 2009

...la même anxiété, mais purement morale...

et, à nouveau, ce fût la même anxiété, mais purement morale, analogue seulement à l'étrange tourment qui précède la nausée. C'était pénible, écrasant. Il me semblait que j'avais peur de la mort, mais devant la vie je tremblais plus encore. Imperceptibles, la vie et la mort s'amalgamaient, s'unissaient (...). Il n'y avait pas une goutte de bonté en moi et je ne ressentais qu'une animosité égale et calme, comme moi-même et contre celui qui m'avait créé. Qui était-ce? on dit que c'est Dieu...Dieu ! Priez me rappelai-je ! Et je ne croyais à rien... Je me mis donc en prières (...) Je recommençais à vivre comme auparavant. Cependant, la peur de la peur était toujours latente en moi. Comme un enfant récite par coeur une leçon apprise par habitude, il me fallait vivre, vivre afin de ne pas retomber sous l'emprise de la terrible sensation qui, pour la première fois, m'avait saisi à Arzamas.

Leon Tolstoï, Mémoire d'un fou

mercredi 4 mars 2009

...peu d'idées...

beaucoup de gens, peu d'idées, et comment faire pour se distinguer des autres? 

L'immortalité, Milan Kundera

lundi 2 mars 2009

...à la merci d'un courant violent...

I have ventur'd
Like little wanton boys that swim on bladders, 
This many summers in a sea of glory, 
But far beyond my depth. My high-blow pride
At length broke under me, and now has left me, 
Weary and old with service, to the mercy
Of a rude stream that must ever hide me.

Henri VIII, Act III, scene 2, Shakespeare

Comme ces gamins espiègles qui 
nagent sur des vessies, 
je me suis aventuré depuis nombre d'étés
sur un océan de gloire où j'ai
perdu pieds. 
Mon orgueil gonflé d'air a fini 
par crever sous moi, et me laisse
maintenant épuisé et vieilli par les labeurs, à la merci
d'un courant violent qui doit m'engloutir à jamais.


jeudi 26 février 2009

...elle est dedans...

Notre vie n'est pas derrière nous, ni avant, ni maintenant, elle est dedans

Jacques Prévert

lundi 23 février 2009

jeudi 19 février 2009

...mon manque d'ambition personnelle...

Une fois de plus, nous avions échoué dans notre lutte pour la liberté de l'esprit par un trop grand amour de notre propre liberté et de notre propre indépendance. 
Il  ne restait qu'un parti à prendre: travailler à son oeuvre dans le silence et la retraite. Pour les expressionnistes et - si je puis m'exprimer ainsi - pour les excessionnistes, on devait déjà me ranger, avec mes trente-six ans, dans la génération ancienne et, en fait, déjà défunte, parce que je me refusais à m'adapter à eux en les singeant. (...) Il s'agissait de recommencer et d'attendre que le flot impatient de tous ces "ismes" reculât, et mon manque d'ambition personnelle servit très bien cette volonté de m'accommoder de ma situation. (...) Le pays, le monde qui m'entouraient revenaient peu à peu à l'ordre, si bien qu'il ne m'était plus permis d'hésiter; le temps était passé où je pouvais me flatter de l'illusion que tout ce que j'entreprenais n'était que provisoire. J'avais atteint le milieu de ma vie, l'âge des simples promesses était révolu; il s'agissait maintenant de justifier les espoirs qu'on avait pu fonder sur moi, de m'affirmer ou de renoncer définitivement. 


Le monde d'hier, souvenir d'un européen, Stefan Zweig

mercredi 18 février 2009

...Temple...

Pour Temple assise parmi les cosses de coton et les épis de maïs, cela ne fit pas plus de bruit qu'une allumette, un claquement bref, étouffé, se refermant sur la scène jouée, sur l'instant révolu, l'isolant définitivement, irrévocablement du reste de la durée. Et elle restait là, assise, les jambes étendues, droites devant elle, les mains molles, la paume en l'air, posées sur ses genoux, fixant le dos de Popeye et les plis de son veston au niveau des épaules, tandis qu'il se penchait hors de la porte, tenant derrière lui, le long de sa cuisse, son revolver qu'il essuyait d'un geste délicat contre la jambe de son pantalon.

Sanctuaire, William Faulkner

lundi 16 février 2009

...l'automne des idées...

L'ennemi

Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage, 
Traversé çà et là par de brillants soleils;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage
Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.

Voilà que j'ai touché l'automne des idées, 
Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées, 
Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux. 

Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur?

- O douleur ! ô douleur ! Le temps mange la vie, 
Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le coeur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie ! 



Les fleurs du mal, Charles Baudelaire

jeudi 12 février 2009

...deux espèces d'hommes...

il y a deux espèces d'hommes, ceux qui s'habituent au bruit, et ceux qui essayent de faire taire les autres.

Traité sur le bonheur, Alain

lundi 9 février 2009

vendredi 6 février 2009

...partout où je me trouverai ce sera la première place...

À mon avis, il ne faut rien détruire, si ce n'est l'idée de Dieu dans l'esprit de l'homme: voilà par où il faut commencer. O les aveugles, ils ne comprennent rien !  Une fois que l'humanité entière professera l'athéisme (et je crois que cette époque, à l'instar des épreuves géologiques, arrivera à son heure), alors, d'elle-même, sans anthropophagie, l'ancienne conception du monde disparaîtra, et surtout l'ancienne morale. Les hommes s'uniront  pour retirer de la vie toutes les jouissances possibles, mais dans ce monde seulement. L'esprit humain s'élèvera jusqu'à un orgueil titanique, et ce sera l'humanité défiée. Triomphant sans cesse et sans limite de la nature par la science et l'énergie, l'homme par cela même éprouvera constamment une joie si intense qu'elle remplacera pour lui les espérances des joies célestes. Chacun saura qu'il est mortel, sans espoir de résurrection, et se résignera à la mort avec une fierté tranquille, comme un dieu. Par fierté, il s'abstiendra de murmurer contre la brièveté de la vie et il aimera ses frères d'un amour désintéressé. L'amour ne procurera que des jouissances brèves, mais le sentiment même de la brièveté en renforcera l'intensité autant que jadis elle se disséminait dans les espérances d'un amour éternel, outre-tombe..." Et ainsi de suite. C'est charmant !"
Ivan se bouchait les oreilles, regardait à terre, tremblait de tout le corps. La voix poursuivit:
"La question consiste en ceci, songeait mon jeune penseur: est-il possible que cette époque vienne jamais? Dans l'affirmative, tout est décidé, l'humanité s'organisera définitivement. Mais comme, vu la bêtise invétérée de l'espèce humaine, cela ne sera peut-être pas encore réalisé dans mille ans, il est permis à tout individu conscient de la vérité de régler sa vie comme il lui plaît, selon les principes nouveaux. Dans ce sens, tout lui est permis. Plus encore: même si cette époque ne doit jamais arriver, comme Dieu et l'immortalité n'existent pas, il est permis à l'homme nouveau de devenir un homme-dieu, d'un coeur léger, s'affranchir des règles de la morale traditionnelle, auxquelles l'homme était assujetti comme un esclave. Pour Dieu, il n'existe pas de loi. Partout où Dieu se trouve, il est à sa place ! Partout où je me trouverai, ce sera la première place... Tout est permis, un point, c'est tout! ..." Tout ça est très gentil; seulement si notre Russe contemporain est ainsi fait; il ne se décidera pas à tricher sans cette sanction, tant il aime la vérité..."
Entraîné par son éloquence, le visiteur élevait de plus en plus la voix et considérait avec ironie le maître de la maison; il ne put achever. Ivan saisit tout à coup un verre sur la table et le lança sur l'orateur. 



Les Frères Karamazov, Fiodor Dostoïevski




lundi 2 février 2009

...intelligent life elsewhere in the universe...

sometimes i think that the surest sign that intelligent life exists elsewhere in the universe, is that none of it had try to contact us

Bill Watterson


jeudi 29 janvier 2009

...si peu d'esprit...

j'ai toujours rencontré si peu d'esprit autour de moi qu'il a bien fallu que j'use le mien

Journal Littéraire, Paul Léautaud


mardi 27 janvier 2009

vendredi 23 janvier 2009

...les gens sans principes...

je préfère les gens aux principes et, plus que tout au monde, je préfère les gens sans principes

Oscar Wilde

jeudi 22 janvier 2009

lundi 19 janvier 2009

...un petit grand homme dans un rond?...

Et que faudrait-il faire?
Chercher un protecteur puissant, prendre un patron, 
Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc
Et s'en fait un tuteur en lui léchant l'écorce, 
Grimper par ruse au lieu de s'élever par force? 
Non, merci. Dédier, comme tous ils le font, 
Des vers aux financiers? se changer en bouffon
Dans l'espoir vil de voir, aux lèvres d'un ministre, 
Naître un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre?
Non, merci. Déjeuner, chaque jour, d'un crapaud?
Avoir un ventre usé par la marche? une peau
Qui plus vite, à l'endroit des genoux, devient sale?
Exécuter des tours de souplesse dorsale?...
Non, merci. D'une main flatter la chèvre au cou
Cependant que, de l'autre, on arrose le chou, 
Et donneur de séné par désir de rhubarbe, 
Avoir son encensoir, toujours, dans quelque barbe?
Non, merci! Se pousser de giron en giron, 
Devenir un petit grand homme dans un rond, 
Et naviguer, avec des madrigaux pour rames, 
Et dans ses voiles des soupirs de vieilles dames?
Non, merci! Chez le bon éditeur de Sercy
Faire éditer ses vers en payant? Non, merci!
S'aller faire nommer pape par les conciles
Que dans les cabarets tiennent des imbéciles? 
Non, merci! Travailler à se construire un nom
Sur un sonnet, au lieu d'en faire d'autres? Non, 
Merci! Ne découvrir du talent qu'aux mazettes?
Être terrorisé par des vagues gazettes, 
Et se dire sans cesse: "Oh, pourvu que je sois
Dans les petits papiers du Mercure François?"...
Non, merci! Calculer, avoir peur, être blême, 
Préférer faire une visite qu'un poème, 
Rédiger des placets, se faire présenter?
Non, merci! non, merci!, non, merci! Mais...chanter, 
Rêver, rire, passer, être seul, être libre, 
Avoir l'oeil qui regarde bien, la voix qui vibre, 
Mettre, quand il vous plaît, son feutre de travers,
Pour un oui, pour un non, se battre, - ou faire un vers!
Travailler sans souci de gloire ou de fortune,  
A tel voyage, auquel on pense, dans la lune! 
N'écrire jamais rien qui de soi ne sortît, 
Et modeste d'ailleurs, se dire: mon petit, 
Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles, 
Si c'est dans ton jardin à toi que tu les cueilles !
Puis, s'il advient d'un peu triompher, par hasard, 
Ne pas être obligé d'en rien rendre à César, 
Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite, 
Bref, dédaignant d'être le lierre parasite, 
Lors même qu'on n'est pas le chêne ou le tilleul, 
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul! 


Cyrano de Bergerac, Acte II, Scène VIII, Edmond de Rostand

vendredi 16 janvier 2009

mercredi 14 janvier 2009

...Dalva...

"L'Histoire nous juge à la manière dont nous nous comportons après la victoire"

Dalva, Jim Harrison